Chloé est sur le point d’épouser Gabriel. Son unique soucis est de dénicher la robe idéale, jusqu’à ce que l’ex de son fiancé débarque à Paris après avoir quitté la capitale du jour au lendemain deux ans auparavant sans la moindre explication. La présence de la belle brune semble rapidement réveiller de bien sombres secrets. S’agit-il des prémices de scandales à venir ? La jeunesse dorée parisienne n’a qu’à bien se tenir, Naomie Verdier est de retour…
Date de sortie : 26 juin 2015
Merci à Nisha Editions pour cet extrait :)
Un
conseil : regardez toujours où vous posez les pieds. Sans quoi
le destin pourrait bien vous jouer un mauvais tour. #MetsDesLunettes
Paris,
6 juillet, 10h00.
Naomie gare sa moto Place Saint-Germain des Prés, en
descend et retire son casque. Elle a tant apprécié ce moyen de
transport ces derniers jours qu’elle a décidé de s’en offrir
une. La jeune femme glisse une main gantée de cuir violet sur la
carrosserie noire. Une merveille. Elle réajuste posément sa tenue,
blouse en lin, minishort bariolé et sandales créées par Alexander
Macqueen : large bride rouge en vinyle et semelle compensée en
plexi blanc ; hauteur de talon : douze centimètres et
demi.
Elle tarde à s’éloigner de l’engin : elle a
peur. Peur du moment qui va suivre. Elle court un risque, celui de
briser son cœur et ce n’est pas dans ses habitudes, elle qui aime
tellement tout contrôler. Pourtant, il le faut. Tout simplement
parce que ce qui va advenir est inévitable. Autant donc prendre les
devants courageusement.
Il faut juste souffler un grand coup et se lancer. Alors
Naomie se dirige maintenant d’un pas décidé vers l’iconique
café les Deux Magots. Elle enfonce une main dans sa longue
chevelure, nerveusement. Un coup d’œil par la vitrine ne lui
permet pas d’apercevoir celui qu’elle cherche. Elle pousse la
porte. La salle est magnifique. Systématiquement quand Naomie entre
dans cet endroit, elle a le sentiment que les fantômes de Sartre et
de Beauvoir vont jaillir soudain pour entamer un débat
philosophique. Le ballet discret des serveurs vêtus de noir et de
blanc se déroule sans anicroche entre les tables où elle aperçoit
quelques figures du showbiz.
Presqu’immédiatement, le maître d'hôtel se dirige
vers elle :
- Mademoiselle Verdier, bienvenue à Paris à nouveau.
Souhaitez-vous une table ? Il me semble que celle que vous aviez
l’habitude d’occuper est libre.
- Oh. Merci. Non. Je cherche quelqu’un. J’ai cru
comprendre qu’il prenait son brunch chez vous chaque semaine à
cette heure-ci.
Le maître d’hôtel la regarde avec une intelligence
fine, devinant ses intentions.
- Vous ne vous trompez pas. Monsieur de Margensac est
bien ici. Il attend un rendez-vous, mais il est seul encore pour
l’instant. Vous le trouverez dans le fond de la salle.
- Super. Merci pour votre aide.
La jeune fille avance de quelques pas. Lorsqu’elle le
remarque, elle se rend compte à quel point il lui a manqué. Il est
là, enfin, à quelques pas d’elle et elle n’en revient pas. Deux
ans sans le rencontrer. Comment a-t-elle tenu ? Il est toujours
aussi beau. Ce matin, il est rasé de frais. Elle sait que c’est
toujours le cas. Ses cheveux châtains et souples sont arrangés de
manière élégante.
Souvent, lorsqu’ils étaient en couple, elle le
taquinait à ce propos, lui soufflait qu’il était comme James
Bond, irréprochable en toutes circonstances. Maintenant, elle sourit
avec tendresse, constatant en l’admirant qu’il n’a pas changé.
Elle reconnaît ses petites manies : la chemise sans un pli, les
souliers cirés méticuleusement et posée devant lui, une tasse de
thé. Alors ça aussi ! Il boit toujours des litres de thé au
petit déjeuner. Dans leur milieu où l’alcool coule à flots, elle
a toujours considéré cette tradition comme excessivement rassurante
et touchante.
Un instant, elle aimerait que rien ne soit arrivé,
qu’elle ne soit jamais partie sans lui en donner la raison,
l’abandonnant de la plus atroce des manières. Elle rêve de
marcher vers lui sans questions ni arrière-pensées, de s’installer
sur la chaise en face pour partager un bon moment, les yeux dans les
yeux. Mais malgré les regrets, elle n’a aucun remords. Elle sait
qu’elle a pris la décision qui s’imposait il y a maintenant
précisément sept cent soixante-quatre jours et quinze heures.
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