Pourquoi avoir répondu à l'appel à textes sur le rugby ? Le rugby est t-il un sport que vous aimez suivre ou que vous pratiquez ?
Merci à vous, Aurélie, c’est très sympa de me proposer cette nouvelle interview et j’y réponds avec grand plaisir.
A priori, j’essaie d’être présent lorsque mes éditeurs lancent un AT (Appel à Textes), d’autant plus quand il s’agit de mon éditeur principal, les Éditions Harlequin. J’ai l’habitude de travailler avec eux, je connais bien mon éditrice comme le sérieux de la maison, donc je n’hésite pas une seule seconde. Quant au rugby, je l’ai pratiqué il y a très longtemps, lors de mes années collège, puis lycée. En plus des arts martiaux, j’aimais le volley et le rugby comme sports collectifs, de la même manière que je détestais déjà le foot.
Comment vous est venue l'inspiration ?
Très facilement. J’avais déjà l’idée d’un récit reposant sur les mêmes éléments que Le match de sa vie. De plus, si je tâtonne un peu en romance, l’érotisme ne me pose aucun problème, alors mêler les genres en parlant d’un sport que je connais bien, a été assez facile. Bien sûr, il a fallu respecter les codes de la romance et comme je ne suis pas très à l’aise dans ce genre, mon éditrice a eu la patience de me les expliquer, une fois de plus.
Le fait que vous soyez un homme parmi tous ces auteurs donne un caractère original à cette nouvelle. Pourquoi avoir choisi cet aspect du rugby à savoir l'ascension vers la gloire ?
Pour commencer, je ne suis pas le seul auteur masculin de la série, je n’oublie pas David Lange et sa nouvelle, Un vrai dieu du stade.
Sans spoiler la nouvelle, ce n’est pas vraiment l’ascension vers la gloire que j’ai traitée. Si je devais en définir le thème, ce serait plutôt le chant des sirènes de la gloire. J’adore écrire sur les apparences et « tromper » mon lecteur, l’orienter vers des pistes que je mets délibérément sous son nez afin de lui suggérer des évidences, a contrario de l’intrigue cachée dont je ne lui révélerai les clés qu’à la fin.
Pour une majorité de femmes, le rugby s’arrête au calendrier des dieux du stade et à quelques beaux spécimens de la gent masculine, alors qu’il y a tout un univers derrière cela. Malheureusement, dans le sport professionnel, il y a aussi un enfer qui se dissimule plus ou moins bien et que très peu connaissent. J’aime la crédibilité dans mes récits et Le match de sa vie pourrait être une histoire vraie, de A à Z.
Quels ont été vos plus gros challenges ?
Il n’y a pas eu réellement de gros challenges à relever, hormis celui qui consistait à coller aux codes de la romance, je ne le cache pas. Je suis très à l’aise dans un polar ou un thriller, je me régale en érotisme, mais la romance est un genre particulier et certainement l’un des plus difficiles qui soit. Sans rire ! Il faut rester lucide et humble, la romance ne sera jamais le fer de lance de ma bibliographie. En tout cas, je suis content car Le match de sa vie remporte pour le moment beaucoup d’avis favorables et de très bons retours. Pendant que mes collègues caracolent dans le haut des classements Amazon, je suis déjà très heureux de ce résultat positif pour moi. En ce qui me concerne, c’est déjà une très belle progression dans le domaine de la romance quand je me glisse sous la barre des 200 au classement général Amazon.
(Notez simplement qu’Angéla Morelli, avec sa nouvelle rugby, Mêlée à deux, est 16e au classement général Kindle chez Amazon ! De quoi faire taire bon nombre de nos détracteurs.)
Pourriez-vous nous présenter en quelques mots votre personnage Fabian ?
Fabian, c’est un peu Monsieur tout le monde, un beau gosse à qui la vie a souri sur tous les points. C’est un sportif qui s’étonne de l’engouement qu’il suscite, un homme qui remporte de nombreux succès, tant sur le terrain, dans la vie, qu’auprès des femmes. Bien entendu, ce garçon a une faille béante en lui, un manque et il va vite comprendre que le sexe à outrance, l’argent et la gloire ne peuvent le combler. Il va juste découvrir le sens de la vie et ses cruelles réalités, car le plus important n’est pas et ne sera jamais matériel.
Selon vous quels sont ses qualité et ses défauts ?
Je voulais un héros sympathique, simple et complètement dépassé par les événements de sa carrière sportive en tant que professionnel. Il tombe dans les pièges de l’argent facile, succombe aux charmes féminins, tout en réalisant qu’il a perdu quelque chose en route et que ce manque, au fil du récit, reprendra peu à peu la place qui lui revient de droit. Donc, un type droit, courageux, légèrement insouciant et en pleine révolte contre lui-même. Son défaut principal - je parle de son aveuglement - deviendra une force sur laquelle il appuiera toute sa rédemption.
Fabian est un loup assez solitaire et il ne peut compter que sur son amie Michelle et plus tard sur Max. Pourquoi avoir choisi pour aider Fabian ces deux protagonistes ?
Fabian est avant tout un joueur, un vrai joueur et je dépeins son intégration dans une équipe avec tout ce que cela peut induire, comme les 3e mi-temps ou les amitiés. Il va devenir au fur et à mesure un solitaire et se replier sur lui car il réalise son manque. Sans spoiler encore une fois le récit, ce manque n’est rien d’autre qu’une femme qu’il a profondément aimée et perdue en route, au cours de son ascension vers la gloire.
Quand tout va mal dans la vie, on a tendance à se rapprocher du nid familial ou des amis. Il était encore vierge quand il a rencontré Michelle et, à l’instar de chacun, la première vraie histoire conserve toujours un attrait particulier et cette femme, une place à part dans son cœur. Quant à Max, c’est un membre de son équipe, gay et, quelque part, il est amoureux de Fabian. Il a le cran de le coller un peu violemment face à ses responsabilités et Max sera le catalyseur qui conduira notre héros à mettre de l’ordre dans sa vie. Pourquoi gay ? Eh bien pourquoi pas ? C’est mon petit pied-de-nez aux homophobes ! (rires)
Avez vous une scène préférée dans cette nouvelle ? Si oui laquelle ?
J’en ai deux et si je peux évoquer la première, je conserverai le silence sur la seconde. Je me suis régalé en écrivant un passage au cours duquel Fabian est en voyage sous contrat pour l’un de ses sponsors. Il y rencontre deux mannequins superbes qui lui proposent un trio dans lequel, bien entendu, il se lance. J’ai adoré mélanger la réalité de la scène crue et purement érotique avec la conscience de Fabian qui lui fait vivre tout autre chose, très loin de l’action. In vino veritas, serais-je tenté de dire et notre pauvre héros perd pied alors qu’il devrait profiter des charmes si généreusement offerts par ses deux compagnes de jeux sexuels. J’ai aimé décrire cet antagonisme, cette rébellion de son esprit face à un moment de plaisir où son désir ne se porte pas là où il le voudrait mais bien dans un fantasme tiré du passé.
Mais la meilleure demeure l’ultime scène, celle qui vient à la fin du récit. Ce moment très fort en émotions qui achève le récit, je l’ai écrit avec la gorge nouée et les doigts qui tremblaient.
Quelle scène fut la plus difficile à écrire ?
Incontestablement, la dernière et pour une fois, c’est un passage sur lequel je suis revenu à de multiples reprises. J’ai écrit, réécrit, corrigé, recommencé et revu la scène finale pour y glisser ce qu’il fallait en émotions, en vécu, en puissance de l’instant. C’est le « coup de poing » de la nouvelle et je ne m’étalerai pas dessus pour des raisons évidentes. Il faut lire Le match de sa vie pour en comprendre tout le sens et l’intensité libératrice.
Pouvez vous nous parler des choix de thématiques comme la gloire, le succès , l'argent facile et les dérives qui viennent avec ?
C’est simple. J’aime beaucoup le rugby, mais depuis 1995, ce noble sport s’est professionnalisé, c'est-à-dire que cela risque de suivre le même chemin que le football et ses dérives. Je trouve ça dommage et regrettable, d’autant que l’esprit du rugby a toujours été un modèle du genre et une très belle école de vie pour les plus jeunes.
Alors, l’argent facile, les sponsors, les agents, puis les matches truqués, les petits arrangements et autres combines sont l’avenir malheureusement prévisible pour un sport qui méritait plus de respect que le foot et la déchéance avérée du ballon rond. J’espère que l’esprit du rugby perdurera et me donnera tort avec le temps !
Enfin, connaissant bien mes complices, qui sont plus des ami(e)s que des collègues, je savais à peu près quels thèmes seraient abordés et j’ai préféré m’orienter vers quelque chose de plus éloigné, de plus « vrai », au risque de moins coller à la romance tout en sachant que je ferai moins bien qu’eux. Que voulez-vous, j’ai toujours aimé prendre des risques !
Votre nouvelle a un côté assez sombre. Peut-on dire que Fabian a connu le Paradis et l'Enfer ?
C’est vrai, car j’ai choisi de dépeindre la réalité cachée du sport professionnel. Certes, mieux vaut parler du monde des Bisounours et faire une croix sur la crédibilité pour signer une belle romance. Attention, il n’y a rien de péjoratif ou de blessant dans mes propos, la romance est un art difficile, je me répète, et j’en suis convaincu depuis longtemps. Sans doute ai-je trop l’habitude des polars dans lesquels la fiction doit coller au plus près à la réalité de la vie. J’aimerais beaucoup avoir l’humour génial d’Angéla Morelli, la finesse de Valéry K. Baran ou encore la plume sulfureuse d’une Barbara Katts ! Mais… Ce n’est pas le cas ! J’admire beaucoup mes collègues, sans toutefois les jalouser, car je suis réaliste et puis… à chacun son truc ! (sourire)
Je reste pourtant persuadé que les lectrices pourront apprécier cette immersion dans la vraie vie d’un joueur professionnel et toucher du doigt les problèmes inhérents à son approche sentimentale. Alors oui, Fabian va devoir se noyer pour comprendre ce qui lui fait défaut et finalement, Le match de sa vie devient un puissant et beau message d’espoir.
Dans les médias , la sortie des ces nouvelles sexy sur le rugby est fortement relayée parfois avec professionnalisme parfois avec une grande ironie. Quel est votre point de vue en tant qu'homme à ce sujet ?
L’art est difficile, la critique est aisée ! Je ferai la même réponse qu’en voyant parfois certains commentaires, en lisant des chroniques ou des retours de lecture absurdes. On taxe notre maison d’édition de ne vouloir publier que des romans à l’eau de rose, on lui prête des intentions qui ne sont pas les siennes et cela me fait sourire. Que je sois homme ne change rien à l’affaire, je suis très fier d’appartenir à leur écurie et ravi d’avoir participé à cette aventure Sexy Rugby. On ne pourra jamais empêcher les mauvaises langues, les aigris et autres refoulés de la plume, de se moquer ou d’ironiser. C’est la triste réalité du petit monde de la littérature et des jalousies malvenues ou de la méconnaissance générale d’un genre. On ne refera pas le monde et laisser courir les opinions stupides et ironiques est un sport habituel que maîtrisent parfaitement tous les auteurs de la planète.
Quels sont vos prochains projets ?
Multiples, bien sûr ! D’ici à la fin de l’année, un gros projet verra le jour en octobre puis il devrait y avoir une autre série érotique chez Harlequin. Deux titres papier sont signés pour 2016 et 2017, un roman d’aventures et un historique. L’an prochain, il y aura encore de l’érotisme, du polar et du thriller. Par ailleurs, j’ai entamé une série de démarches pour proposer un titre auprès d’autres maisons avec qui je ne travaille pas encore. C’est un projet qui me tient à cœur et sans aucune garantie d’aboutir, c’est vous dire si je suis impatient, fébrile et très anxieux. Bref, l’aventure de l’écriture se poursuit et s’étoffe avec le temps… Disons que je prends des risques stratégiques et que j’essaie de ramer dans le bon sens de l’histoire.
J’en profite pour remercier mes éditeurs sans qui rien de tout cela ne serait possible, voire même envisageable ! Merci aux Éditions Harlequin qui m’ont offert cette belle opportunité de romance érotique, mais aussi à Nelson District et VFB, chez qui je publie très régulièrement, mes polars et autres thrillers.
Un grand merci pour cette super interview et si vous souhaitez lire mon avis sur La Match de sa vie, cliquez ICI
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