Pour ceux qui ne connaissent pas ta saga , L'initiation puis la Révélation de Claire, pourrais tu la présenter en quelques lignes?
C’est
une saga de romance érotique BDSM très hot ! C'est-à-dire
qu’on va suivre, en même temps que l’héroïne, la
découverte puis l’attrait de cette sexualité, et rencontrer le
très captivant Mathieu.
Depuis quand écris tu cette saga?
Hou !
Des années ! Il y a eu deux étapes, en fait : l’écriture
d’une nouvelle, à l’origine, puis la reprise de cette histoire
pour la développer des années après. Au total, il s’est donc
déroulé 7 ans entre l’écriture de la première version et la
publication de la fin, désormais.
Et
elle y est encore.
Pour deux raisons, en fait. La première, parce que je viens du
milieu de la publication sur le net et que ce milieu me manquait. Le
fait de commencer à publier un travail qui n’est pas encore
définitif, qui peut encore être retravaillé en fonction des
remarques des lectrices, l’aspect très cool et stimulant des
échanges à ce moment-là du processus d’écriture... Tout ça me
manquait. Et la deuxième, c’est que je pense que la publication
sur le net et celle chez éditeur ont tout à gagner à se compléter.
Internet a changé énormément de choses en matière d’accès au
contenu artistique et je pense vraiment qu’aujourd’hui, proposer
un contenu gratuit d’une part (en ligne) et payant d’autre part
(enrichi d’une manière ou d’une autre) est quelque chose
d’intéressant à faire. C’est pour ça qu’on a ouvert Lemon
Laboratory, récemment, d’ailleurs. J’avais donc envie de
m’impliquer dans une publication 2.0.
Oui.
Même en n’en écrivant qu’une nouvelle, au tout début. La scène
finale, celle qui clôt la saga, je l’avais déjà dans la tête,
d’ailleurs, même si je ne savais pas encore que je finirai un jour
par l’écrire.
Pas
du tout ! J’écris quand je le peux, avec des phases de pause
désespérantes et des phrases de production frénétique.
En
gérant mon temps, bien sûr, mais aussi en étant vraiment
passionnée. Je crois que tout est là. Il m’est déjà arrivé de
faire des nuits blanches pour écrire, ou de me lever à 4h du mat’
parce que j’avais envie (besoin) d’écrire ou que je voulais
vraiment avancer sur un manuscrit, pour dire.
Eh
oui ! Je suis l’autrice d’érotisme-exception (il y en a
d’autres, mais je sais que ça reste rare) qui a déjà été lue
par à peu près tous ses amis, sa famille proche (même si j’ai
sélectionné ce que je leur ai fait lire, quand même), ses
collègues de travail… J’ai une vision assez décomplexée et
même un peu « militante » de ce genre littéraire,
d’ailleurs, dans le sens où je ne le considère pas comme un genre
honteux et j’estime important de m’assumer en tant qu’autrice.
A.
Fond. En fait, à l’origine, j’ai vraiment eu une curiosité
intellectuelle énorme et même assez obsessionnelle, sur le coup,
qui m’a fait non seulement me documenter énormément mais aussi
fréquenter des forums dédiés à cette sexualité, ce qui m’a
encore plus passionnée et a fait de Mathieu et Claire les
personnages qu’ils sont, d’ailleurs. C’est la psychologie qui
m’a le plus passionnée : celle de la soumise mais aussi celle
du dominant, y compris toutes les passerelles qu’il peut y avoir
entre l’une et l’autre (d’où le fait que Mathieu soit
« switch »)… Et bien sûr, durant les 7 ans qui se sont
déroulés entre l’écriture de la première nouvelle et la
concrétisation de la saga, j’ai continué à me documenter,
échanger, etc.
Surement,
mais je ne sais pas si je répondrai bien à cette question parce que
les scènes de sexe sont celles que j’écris avec le plus de
facilités, en fait. xD Au début, oui, je me souviens que je
rencontrais pas mal de difficultés : de vocabulaire,
d’originalité (il y a toujours un moment si on se demande si on ne
va pas réécrire quelque chose qu’on a déjà écrit)… Et ça
fait longtemps, maintenant, que j’ai dépassé tout ça.
Sans
hésiter la toute dernière, avec (allez, ce n’est pas un spoil)
Mathieu en position de soumis. Parce que j’ai dû travailler sur
moi-même, beaucoup, pour arriver à la fois à mettre le doigt sur
ce qui me fascine, personnellement, dans le fait de voir un homme
dans une telle position, et parvenir à le traduire tout en dosant au
mieux tout ce qu’il peut y avoir de « gênant »
là-dedans. Mais j’ai vécu la même chose sur la toute première
scène sexuelle de cette saga, ceci-dit : j’éprouve une
fascination mêlée de répulsion pour cette sexualité, qui a
vraiment été ce sur quoi j’ai voulu travailler sur cette saga, en
ressortissant tout ce qui rend cette sexualité fascinante, tout en…
non pas supprimant totalement tout ce qui suscite cette répulsion,
parce que ça aurait été faire du « Oui Oui au pays du BDSM »
et que je pense qu’elle participe à la fascination, aussi. Mais
toute la difficulté est justement là : doser. Trouver le bon
angle pour faire éclater cet aspect captivant et troublant tout en
gardant une part de gêne mais dans le bon sens, légère :
parce que sans gêne il n’y a pas d’attrait.
Ha
ha, alors je donne mon truc (et celui qui m’a fait ne plus me
demander si je ne risquais pas de réécrire une scène déjà
écrite, d’ailleurs) : tout part de la psychologie. Je pense
que, quel que soit le genre littéraire dans lequel on œuvre, mais
peut-être plus encore dans l’érotisme, la seule raison d’être
des scènes que l’on écrit se trouve dans ce qu’elles montrent
des personnages : de leur psyché, de leur évolution, de leurs
sentiments… C’est pour ça, d’ailleurs, que deux scènes ne
peuvent jamais être identiques : parce que c’est toujours des
personnages différents, ou alors dans d’autres situations, ou à
d’autres moments de leur vie, à d’autres étapes de leur
évolution… Tant qu’on écrit la scène en se concentrant
là-dessus, elle sera réussie, car utile à l’histoire et forte,
avec de l’impact. Et là on est vraiment dans l’érotisme qui a
du sens.
Les scènes sont essentiellement des scènes F/M mais il y a aussi des scènes FF . Est ce plus facile d'écriture des scènes FM ou FF ? Pourquoi?
Je
dirais que le M/F est plus facile, tout simplement parce que, avec
des personnages de même sexe, on se prend un peu la tête parfois
pour rendre clair qui fait quoi exactement (on n’a pas « il »
et « elle » pour distinguer les personnages, les détails
des corps sont identiques…) mais, honnêtement, ce n’est pas un
souci, pour moi. J’ai eu une petite gêne au tout début, pour le
F/F, comme j’en ai eu la première fois que j’ai écrit chaque
nouvelle approche sexuelle (que ce soit en matière d’acte ou en
matière d’interactions entre les personnages), mais c’est
quelque chose qui passe très vite, en fait.
Claire,
c’est facile. Elle a du caractère et le cran d’aller vers ses
désirs. Et en même temps, elle est extrêmement renfermée sur
elle-même, en matière de sentiments, de confidences… Elle ne
s’ouvre finalement que très peu et elle a beaucoup à se combattre
pour accepter de se libérer.
Mathieu,
c’est plus complexe. C’est un personnage solaire, très à
l’écoute, il a beaucoup de caractère aussi et tendance à avancer
comme un bulldozer pour avoir ce qu’il veut. Mais d’un autre
côté, c’est aussi son point faible : il n’a que peu de
limites et il n’a pas connu vraiment de cadre, auparavant. Du coup,
il se considère comme différent, dés-inséré… C’est trouver
sa place qui lui est dur.
Allez,
on dira de Claire : hésitante, et de Mathieu :
bulldozer.
Pourquoi nous avoir permis d'entrer de plus en plus dans les pensées du héros?
Parce
que je trouvais que c’était le plus gros enjeu de la deuxième
partie. La toute première (la première saison) se concentre
beaucoup sur Claire : ses envies, ses doutes, ses élans, ses
craintes… Mathieu y apparaît tantôt solaire et doux, tantôt plus
dur et insaisissable, mais on n’a que peu accès à son propre
vécu, encore. Dans la deuxième saison, je voulais vraiment mettre
l’accent sur ses enjeux à lui et son évolution. C’est lui,
d’ailleurs, qui évolue le plus dans cette seconde partie.
Au
début, oui, parce que j’ai commencé cette saga (la deuxième
fois, quand je l’ai reprise pour en faire une vraie saga) alors que
je venais d’accoucher et que je reprenais doucement l’écriture.
Du coup, je n’aurais pas pu m’engager sur un projet de roman
direct et l’écriture par épisodes était parfaite : ça me
mettait des objectifs pas trop lointains, m’aidait à rythmer mon
avancée, et j’aimais bien cette idée d’épisodes. Par contre,
après coup, je pense vraiment que ça a été une erreur sur le plan
éditorial, parce que les épisodes 2 à 4 sont sortis avec trop de
délai par rapport à l’épisode 1 et ne parlons même pas de celui
avec les épisodes 5 à 8. Au total, il s’est passé presque 4 ans
entre la publication de l’épisode 1 et la publication de cette
fin, et c’est trop long. Même si c’est une histoire qui plait et
qui marche quand même bien, j’en suis heureuse, elle aurait
vraiment gagné à être publiée non pas en épisodes mais en
romans.
Honnêtement,
parce qu’à l’origine j’avais publié la première nouvelle sur
le net et que je l’avais donc découpée, pour une question de
longueur, en 3 chapitres (parties, donc).
Puis j’ai gardé ce principe : construire une avancée
progressive lors des épisodes et les découper ainsi, tout en
m’amusant à mettre des cliffhangers à chaque fois dedans. J’aime
bien, j’avoue.
Sûr !
J’ai déjà une préquelle Claire/Mathieu (avant qu’ils se
rencontrent) en attente sur mon ordi, et j’avoue que je serais
toujours tentée de continuer à développer l’histoire et les
relations de tous ces personnages… (parce que je les aime vraiment
bien), mais je ne sais pas encore ce que j’en ferai. A voir, mais
la préquelle sortira surement dans pas trop longtemps.
Je
crois qu’ils se sont imposés, en fait. J’adore explorer tout ce
qui est de l’ambiguïté entre les personnages, et cet univers s’y
prête si bien, avec cette proximité amicale mais aussi sexuelle, ce
qui fait qu’au-delà d’une rencontre amoureuse, il y a vraiment
tout un univers qui s’éveille autour de Mathieu et Claire, et
j’adore Olivier, Isabelle… Tous. C’est ce qui fait que je
pourrais encore écrire sur eux.
Camille pourrait elle avoir sa propre histoire?
Tout
à fait ! Je ne sais pas encore ce que j’en ferai mais c’est
possible qu’elle sorte, un de ces jours.
Tout
à fait.
On en revient à cette idée que, dans un roman érotique, le moteur
reste l’exploration de la psychologie et des sentiments des
personnages. Les scènes de sexe ne sont intéressantes que par ce
qu’elles montrent d’eux, et il y avait énormément de sujets que
j’avais envie de traiter. Du fait d’être différent des autres,
de l’acceptation de soi, du don de l’un à l’autre quel que
soit le « rôle » choisi lors des rapports sexuels
(quelque chose qui était très important à aborder pour moi dans ce
rapport BDSM)… Il y a quelque chose que je n’aime pas, notamment,
dans le traitement du sentiment amoureux (et parfois les romances, du
coup), qui est cette idée de « tu es à moi » et la
jalousie ou possessivité qui peuvent être liées, et qui pour moi
est à l’antipode du sentiment amoureux. Je voulais montrer ma
vision de l’amour : celle qui est dans le don à l’autre et
la confiance réciproque.
Vu
la facilité avec laquelle on a écrit à deux à chaque fois, je
dirais dans le duo ! Je crois que c’est bon pour moi, même,
parce que ça me pousse à modérer certaines de mes tendances
personnelles pour aller vers quelque chose de plus « commun à
nous deux », et aussi parce que c’est marrant et cool à faire.
Mais les deux sont chouettes.
Alors,
actuellement, je suis sur un roman de pur érotique, dont j’arrive
quasi au bout, d’ailleurs. J’avais envie de sortir un peu des
limites que m’imposaient la romance et, je l’ai toujours dit :
même si je reste un petit cœur d’artichaut en moi-même, je suis
d’abord une autrice d’érotisme. Et j’avais envie d’écrire
quelque chose de très psychologique et dark, qui traite de thème
très adultes et du sentiment amoureux, aussi, parce que c’est un
thème fort de ce roman, mais pas du tout comme on peut le faire dans
la romance.
Et
en parallèle, je m’amuse à écrire un nanar, aussi ! (Pour
dire que le grand écart entre un genre et l’autre ne me fait pas
peur xD). Je ne sais pas ce que j’en ferai mais c’est une
contrebalance très bonne par rapport au roman beaucoup plus dur que
j’écris en parallèle, et ça m’amuse énormément. Mais il
sortira un de ces jours.
Oui !!! Pas en
dédicace chez éditeur, cette année, mais j’organiserai notre
traditionnelle rencontre du samedi après-midi, et je serai en
ballade dans les allées.
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