En amateur du genre, je fais le tour du véhicule. La carrosserie est nickel, tout comme l’intérieur. Son propriétaire doit y être très attaché pour en prendre un tel soin. J’avoue que, à côté de mon imposante Ford, la 204 paraît minuscule, et cela accentue son côté classe et rétro. Si je n’avais pas autant besoin de mon pick-up pour transporter mon matériel sur les chantiers, j’aurais sûrement été tenté par l’acquisition d’une belle bagnole ancienne à retaper.
Des bruits de pas m’interrompent dans ma contemplation. Je finis par lever les yeux et découvre ma locataire sur le trottoir. Elle me regarde comme si elle m’avait surpris en train de farfouiller dans son tiroir à petites culottes.
— Pourquoi vous rôdez autour de ma voiture ?
— Bonjour, mademoiselle Le Duc.
Elle souffle sur une mèche de cheveux qui lui retombe sur le visage. J’ai le plaisir de constater que ses joues se parent du rouge de l’embarras. Pour une fois que ce n’est pas moi qui endosse le rôle de l’ours grognon.
— Je… bonjour, monsieur Kermarrec. Ça m’a juste étonnée de vous voir faire le tour de ma voiture.
— Je ne savais pas que c’était la vôtre. Joli coupé ! Quelle année ? 1969, 1970 ?
Les lèvres d’Annabelle frémissent avant de m’offrir un charmant sourire, tandis qu’elle caresse amoureusement le capot.
— 1968.
— Sacrée année…
— Salut, Annabelle ! Avec papa, on a prévu d’aller au mont Dol et d’y pique-niquer. Et toi, tu fais quoi, aujourd’hui ?
— Oh… Ce sera sûrement très sympa. Pour moi, juste une promenade matinale.
À l’abri derrière mes verres teintés, je ne me prive pas de l’examiner et je note qu’elle a les traits tirés. Traces d’une nuit blanche entre les bras d’un apollon, ou conséquence d’intenses réflexions ?
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